« Ceci n’est rien moins que l’histoire de ma jeunesse, complétée de celle de mon existence entière, celle écrite au fur et à mesure de mes journées. Je voudrais qu’en ces pages tînt à peu près toute ma vie et aussi les diverses faces de mon caractère au travers des mouvements et des variations de mon existence. Je dois avouer que, jusqu’ici, ni mon caractère ni mon existence n’ont présenté rien de bien remarquable ni même aucun trait qui sortît de la banalité. Qu’importe ? C’est pour moi-même que je barbouille ces pages, moins par besoin de m’épancher que par désir de fixer sur un miroir immuable quelque chose de ce qui est « Moi »

 Nous sommes en 1921, elle avait dix-sept ans, c’est ainsi que commence le journal d’Andrée. Nous l’avons retrouvé dans une malle. Un fatras de cahiers. C'est dactylographié ou écrit d'une écriture fine à la plume. Il y a des montagnes de papiers. Des textes et des dessins et même des photos. C’est parfois amusant, parfois triste. On trouve des poésies, beaucoup de poésies, des petites pièces de théâtre aussi. Des récits. Des récits de sa vie : un journal de petite fille. Et puis celui de toute une vie, depuis la première guerre mondiale qu'elle observe d'un œil impatient de gamine, jusqu'à la vieille dame qui lutte et s'engage pour la paix dans le monde.

Le 15 août 1938, elle a trente-cinq ans, elle écrit : «J’ai absolument besoin de laisser ces témoignages dans le meilleur état possible. Si ça n’est pas moi qui peut les utiliser ce sera, j’en suis certaine, quelqu’un d’autre : un de mes enfants, un de leurs amis qui trouvera moyen de tirer quelque chose de ces notes éparses. Rien n’est jamais inutile dans le monde »
 
70 ans plus tard, voici son vœu exaucé qui vous offrira de découvrir la petite Dée, amusante fillette de Louviers…  Mademoiselle Dupuis, interne au collège de Douai puis étudiante en pharmacie…     Madame Lacassagne !  épouse d’un médecin volage et mère de famille….

Dédée… ! Une grand-mère vraiment pas comme les autres.  Quel roman que cette vie !

Sorte de madame Bovary, elle va traverser le vingtième Siècle en cherchant, comme l’héroïne de Flaubert, à fuir l'ennui et la médiocrité que le monde lui impose. Alors, elle va vouloir en faire un roman. A tel point qu’on ne sait pas, parfois, ce qui est réel dans ce qu’elle raconte et ce qui relève de son imagination. Car elle met tout en scène : les petits moments ennuyeux de la vie, ses émotions passionnelles, quasi mystiques, ses désespoirs aussi, drames amoureux ; avec, parfois, de grotesques exagérations mélodramatiques qui sont aussi dans son personnage. Elle nous emmène dans son monde, le sien, tel que parfois elle l’invente, tableaux de la vie reconstituée pour représenter la réalité plus fidèlement encore.. Un monde où se mêlent avec naïveté une enfance baignée dans « les malheurs de Sophie », l’Amour romantique qu’elle veut idéal, les guerres et leurs atrocités, convictions humanistes, religieuses, rêves politiques, et l’éternel quotidien d’une femme de médecin dans un quartier populaire de Paris.  


Un blog a été reconstitué où l'on trouve des extraits de son journal intime.